Aller au contenu principal

Domaine Maspiquet

Dans un cirque naturel protégé par le relief d’un plateau, le Domaine Maspiquet s’étend aux portes de Montpellier depuis le XVIIème siècle. Le domaine s’est spécialisé dans la viticulture dès 1850.

Depuis, le domaine est passé par les mains de nombreux propriétaires avant d’être loué en 1988 au Lycée Agricole de Montpellier (Lycée Frédéric Bazille - Agropolis).

Étendu sur 30 ha, il offre ainsi aux étudiants un espace d’apprentissage et d’observation des différentes techniques vitivinicoles.

L’encépagement actuel, d’une superficie de 15 ha, se répartit entre Chardonnay, Marselan, Cabernet-Sauvignon, Syrah, Petit Verdot, Carignan, ainsi que deux nouveaux cépages résistants aux maladies Voltis et Floréal.

Le domaine Maspiquet, c’est aussi une histoire...

qui commence au XVIIe siècle avec la vision d'un homme !

Guillaume MONTELS dit « Piquet », propriétaire d’une parcelle sur la paroisse de Grabels, idéalement située sur le « chemin des Cévennes » à mi-distance entre Saint Gély-du-Fesc et Montpellier, décide d’y construire une « baraque » : une escale qui permettait aux cavaliers et diligences de s’arrêter pour faire souffler les bêtes et désaltérer les voyageurs.

Progressivement, Guillaume Montels acheta parcelle après parcelle autour de sa baraque. Sa baraque devient une maison puis un Mas entouré de bâtiments d’exploitation (écurie, bergerie, remise,…) et de terres agricoles.

Ce domaine aurait pu s’appeler domaine Montels mais le nom de Montels disparaît à la fin du XVIIIe siècle faute de descendants. Seul son surnom à survécu donnant son identité au Mas.

Au XIXème siècle…

D’une Agriculture vivrière à la monoculture de la vigne

Un Domaine et une exploitation agricole méditerranéenne typique de cette époque :

  • Les terres de plaine plus riches accueillent céréales et maraîchage.
  • Les coteaux sont couverts d’oliviers et les vignes sont placées en terrasse.
  • Les plateaux abritent les moutons et les chèvres. L’association culture et élevage répond à une agriculture vivrière et diversifiée qui trouve ses débouchés, essentiellement, sur le marché local.

La deuxième moitié du XIXe siècle voit l’apparition et développement du chemin de fer qui ouvre de nouvelles perspectives commerciales pour la région. Ce nouveau moyen de transport ouvre le marché des grandes villes à la région languedocienne, le train diminue les couts de transports tout en augmentant la vitesse de circulation des marchandises.

L’augmentation de la population urbaine due à l’exode rural et l’augmentation du niveau de vie ainsi que l’amélioration des moyens de transport font considérablement augmenter le commerce du vin.

La culture de la vigne se généralise dans le Languedoc.

Pour le domaine, c’est l’année 1856 qui va marquer un virage décisif avec la création de la ligne de chemin de fer qui relie Montpellier et Paris. Le propriétaire de l’époque est parisien, il s’adapte aussitôt et transforme le domaine en exploitation viticole. Il conserve juste quelques champs pour produire le fourrage nécessaire aux chevaux. C’est une période très prospère pour le Domaine car les coûts de production sont  faibles et le vin se vend très bien.

Cet état de grâce ne va pas durer car en 1876 le phylloxéra, qui se propage et dévaste déjà depuis quelques années le vignoble français, atteint l’arrondissement de Montpellier et le Domaine ne fait pas exception. Commence alors un long travail de replantation, associé à de nouvelles techniques viticoles (utilisation des porte-greffes) qui augmentent les coûts de production. Le domaine survie grâce aux capitaux liés au commerce du vin avec Paris.

20ème siècle : la prospérité, la modernisation, l’abandon.

La première moitié du 20ème siècle est marquée par l’acquisition du domaine par la famille CHABOT.

Pendant cette période, le domaine va connaître des années fastes et prospères. L’exploitation s’enrichie comme en témoigne ses bâtiments imposants, elle possède 7 à 8 chevaux et autant de conducteurs. Elle emploie beaucoup d’ouvriers agricoles et des saisonniers du village de Grabels. C’est un acteur économique incontestable pour la commune.

A la mort du père Chabot en 1935, ses deux filles, qui habitent respectivement à Toulouse et à Paris, confit la gestion du Domaine à un régisseur.

Sans que nous connaissions précisément les causes (financières ou de négligence), le Domaine va souffrir d’un manque d’entretien et s’engage dans une lente décadence jusqu’en 1956. Cette année fatidique où le gel s’abat sur les vignes, il porte un coup fatal au domaine et pousse les filles Chabot à vendre à un prix très bas.

L’acquéreur, Paul Grangeon, le revendra 8 ans plus tard en 1964 (6 fois plus cher qu’il l’a acheté) à Gaston Hernandez, parisien et ancien de la guerre d’Algérie.

Le nouveau propriétaire, Gaston Hernandez, a une vision pour le domaine : une production intensive et moderne.

Pour ce faire, il mécanise les travaux, les tracteurs remplacent les chevaux, il remembre les parcelles, agrandit le vignoble, plante des nouveaux cépages, change la destination des parcelles (vignes en plaine et pommiers en coteaux) et met en place un système d’irrigation avec une station de pompage.

Mais très vite à partir des années 70, il se désintéresse du domaine et le laisse peu à peu à l’abandon. La production des vignes chute de façon vertigineuse, en 1983 le domaine qui compte 47 Ha de vigne ne produit plus que 3000HL de vin contre 6000Hl en 1979.

La SAFER : Une transition salutaire

En 1983 le domaine est racheté par la SAFER qui fait valoir son droit de préemption.

Pendant 3 ans elle remet peu à peu le domaine en état (débroussaillage, aménagement et rénovation des bâtiments). Elle arrache également les vignes les plus dégradées.

Un domaine d’utilité publique : des débuts difficiles

En 1986 la société d'assurance Groupama rachète le domaine avec une déclaration d'utilité publique pour le lycée agricole de Montpellier. Un directeur d'exploitation prend la direction du domaine.

Un bail emphytéotique de 20 ans est signé entre Groupama et le lycée Agropolis en 1988. Il s'ensuit une période d'arrachage et de replantation avec en 1990 le chardonnay fraysse haute et en 1992 le chardonnay terre blanche.

Le domaine est utilisé pour des démonstrations de matériel en collaboration avec l'ITV et le SITEVI lors de manifestations nommées "les journées de Piquet".

Cependant en parallèle, la vinification du vin pose des problèmes et la qualité diminue ce qui fait chuter la commercialisation. La situation économique se dégrade fortement, ce qui va entraîner décision radicale: L'arrêt de la vinification sur le domaine et l'adhésion à la cave coopérative de Prades-le-lez ou la récolte est apportée jusqu'en 1995.

Cette même année la direction du domaine et vacante, c’est un professeur de viticulture M. André Crespy qui assure l'intérim en attendant l'arrivée d'un nouveau directeur d’exploitation. 

Il plantera la parcelle de cabernet Sauvignon. Malgré tout la situation n'est pas brillante, le domaine est en perte de vitesse. Le vignoble a besoin de renouvellement et l'exploitation souffre d'une mauvaise image tant auprès du public extérieur qu'auprès des professeurs et des élèves

1996 des investissements importants pour un domaine autonome

Pour redorer l'image du domaine et vinifier dans de bonnes conditions, Groupama au travers de la société Bonneterre investi en 1996 et 1997 1,5 million de francs dans le domaine Maspiquet.

La cave et remise aux normes et équipée de matériels modernes (cuve inox, pressoir pneumatique, conquêt de réception…) permettant d'améliorer la qualité du vin.

Les bâtiments vont également faire l'objet de rénovation et d'aménagement avec la création d'un caveau de vente et d'une salle de réunion. 

Parallèlement, le vignoble est enrichi d'un cépage innovant, le Marselan (croisement entre le Cabernet-Sauvignon et le grenache, créé par l'INRA), qui donnera une typicité aux vins du domaine.

En 1999, la société Bonneterre se désengage des vinifications mais le domaine conserve les installations.

Le domaine embauche un ouvrier spécialisé en cave (contrat emploi consolidé) pour assurer les vinifications. 

Un nouvel axe : Le conditionnement des vins et la lutte raisonnée au vignoble

1999 et le début de la commercialisation des produits conditionné bouteille et bag in box pour mieux valoriser le produit qui était jusque-là vendu entièrement au négoce.

Pour se faire, le domaine créé de poste d'emploi jeunes sur une durée de 3 ans:

Un pour la commercialisation et l'autre pour l'animation.

En 2000, le domaine adhère à la charte Terra Vitis et s'engage dans la lutte raisonnée.

Les 4 années suivantes vont faire l'objet d'un plan qui veut organiser plus précisément l'avenir du domaine.

4 points importants sont définis :

  • Renouvellement du vignoble (Petit verdot et Syrah)
  • Diversification de la gamme de produits (cartagène et rosé effervescent)
  • Développement de la vente directe (objectif augmenter le CA pour financer les plantations)
  • Embaucher une commerciale à long terme.

2004: l'avenir du domaine en question

Débute une période compliquée où l'on voit la fin du bail emphytéotique arrivé à grand pas (31 décembre 2007). 

La question se pose de l'avenir du domaine. Dans un premier temps Groupama ne souhaite pas reconduire le bail et de ce fait le conseil général étudie la possibilité du rachat pour rétrocéder ce dernier à l'enseignement agricole public afin qu'il reste le domaine d'application pédagogique du lycée Frédéric Bazille. 

Cette situation tendue et incertaine bloque les investissements prévus sur le vignoble et dégrade la situation économique de l'exploitation. Finalement à la fin du bail emphytéotique Groupama et le conseil régional n'ayant pas trouvé de terrain d'entente, un bail de 5 ans est signé entre Groupama et le lycée agricole en 2008.

Durant cette période les rendements assez faibles, qui varient entre 34 et 54 hectolitres par hectare, poussent à augmenter la valeur ajoutée du vin à la vente. Le domaine décide donc de développer les bag in box et les bouteilles.

Vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement

2011 est le début de la conversion en agriculture biologique des parcelles de Chardonnay, suivies en 2013 des parcelles de Syrah, Petit Verdot et Marselan.

2014 voit la première cuvée de chardonnay labélisée AB du Domaine Maspiquet.

Cette période est marquée par de nombreuses expérimentations internes et en partenariats avec l’INRAE et IFV (TRP, Décitrait, ARCHIPULVEDOSE, comparaison itinéraire technique AB, biodynamie et Raisonnée, ,BELOUKHA…).

Une vision agroenvironnementale globale du domaine

  • 2019 : la politique agroenvironnementale  commence par l’arrêt total du désherbage chimique, la lutte des Tordeuses de la grappe par confusion sexuelle, la baisse des IFT et des doses de cuivre, plantation de la parcelle de cépages résistants au mildiou et à L’oïdium (Voltis et floréal),adhésion à la LPO.et la mise en place de semis de couverts végétaux dans les vignes.
  • 2019 : le bail  avec Groupama n’a pas été renouvelé et s’est transformé en période de commodat qui devait aboutir au rachat du domaine par le conseil Régional mais sans succès.
  • 2020 : Le solde des surfaces de l’exploitation non bio passe en conversion.
  • 2021 : Passage de l’exploitation en HVE (haute valeur environnementale)
  • 2021 : Malgré un bail précaire avec Groupama et un avenir incertain, le domaine reste attaché à des valeurs pédagogiques, un investissement expérimental pour l’avenir de la viticulture (projets SELGENVIT, BIOSPRAYTECH avec l’INRAE/l’IFV) et un engagement fort pour des pratiques agroenvironnementales